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Les Pièces Avancent

Articles et Tactica sur le Jeu de Bataille de la Terre du Milieu

Les porteurs s’écartèrent en panique de l’édifice de bois en ruine, tirant leurs armes et se préparant à lutter pour leur survie. L’Empereur ne bougeait plus et le monstre qui leur faisait face s’était posé juste devant lui, crocs découverts au milieu de l’armée médusée. Il suffisait d’un rien pour que la panique s’embrase et les fasse tous décamper. 

– Je vous tuerai si vous le touchez ! assena une voix ferme et pleine d’autorité. 

Le Nazgûl couronné baissa ses yeux vides vers la masse de bronze insignifiante qui grouillait sous lui. Une silhouette s’en était détachée, casquée d’or et cape rouge au vent, son épée et son bouclier à la main. Sa simple présence parut suffire à remobiliser les troupes, qui hérissèrent à nouveau leurs piques vers le ciel dans un regain de courage. Comme poussée par une frénésie sauvage, la marée se referma lentement autour de lui.

Introduction

Il y a maintenant un peu plus d’un an, je faisais mes premiers pas sur ce blog avec le rapport de bataille de mon premier tournoi : Sons of Middle Earth 2022. N’était-il pas logique que je revienne maintenant pour un debrief de la seconde édition, avec tout le chemin parcouru depuis ?

Pour ceux qui ne connaîtraient pas, Sons of Middle Earth (aussi appelé le tournoi d’Anse), c’est le plus gros évènement MESBG français, avec cette année plus de 100 participants ! Situé pendant le week-end du 27-28 mai, le tournoi était également un énorme temps fort communautaire, avec l’assemblée générale de la FFTM, des activités (ping-pong, baby-foot, billard, pétanque…) et surtout l’hébergement inclus, ce qui permet aux joueurs de rester sympathiser durant la soirée autour d’un cochon à la broche (ce dernier étant le principal argument marketing). 

L’autre face, c’est que l’on est aussi sur le troisième tournoi de qualification solo pour le WTC (les précédents étant Nantes, dont on a déjà parlé, et Paris). Cela implique qu’environ un tiers des inscrits est là pour casser des bouches au niveau compétitif et pouvoir arracher la qualification en question. L’an dernier, le tournoi avait même été qualifié de Nazgûl Party, avec une hégémonie incontestée du Roi-Sorcier ainsi que trois Angmar et un Mordor dans le top 5. Et cette édition ne semble pas changer la donne : 17 Roi-Sorciers pour 103 joueurs… 

À mon niveau, comment tout cet esprit compèt-tryhard se traduit ? Suis-je dans les rangs des adeptes du seigneur de Morgul cette fois ? Ayant fait une performance catastrophique à Nantes et moyenne à Paris, je ne suis pas très bien placée pour accrocher le fameux top 24 sur le classement WTC. Je viens donc sans attentes : je compte jouer mes parties comme elles viennent, le plus sérieusement possible, et on verra où ça mène. Dans tous les cas, l’aspect communautaire du week-end suffit déjà à me contenter puisque c’est l’occasion de voir beaucoup de joueurs que j’apprécie. Dans cette optique, je prends donc une liste simple à jouer mais solide et en mesure de me fournir des options sur toutes les games. Vous me connaissez, il s’agit bien évidemment d’une liste Mor…wait.

Revenu en grâce lors du dernier Cair Andros (tournoi Vassal en équipes 700 pts) et lors d’un 500 pts parisien, l’Empereur reparaît sur le champ de bataille. Cette fois, pas d’alliance : je joue en Légion Légendaire. Mobile (grâce au sacro-saint tambour), robuste et nombreuse, la légion a des héros bien plus fiables au combat grâce à sa règle qui les autorise à relancer un dé lors du Duel (cumulable avec une bannière). Elle accorde également les Dragons Noirs gratuits dans la troupe de l’Empereur, soit l’équivalent de 36 points d’économisés

Ma composition, plus précisément, s’articule autour de trois héros : l’Empereur, général obligatoire, Rutabi et Brorgir. Le premier apporte les effets de bulle qui rendent la phalange redoutable, tout en étant un combattant efficace sur le terrain. Sa C6 lame elfique dissuade beaucoup de monde de venir sur lui sans Frappe. Rutabi, elle, assure le rôle de meneuse de troupes : son Maître Stratège 3+ la rend pénible pour l’adversaire et m’économise de la Puissance. Elle joue dans la phalange, au cœur de l’action, mais c’est aussi elle que je détache quand j’ai besoin de diviser mes forces à deux endroits, car elle est capable de se débrouiller seule. Sa troupe est plus solide que celle de Brorgir en solo, car elle compte deux piquiers C4 de plus. Enfin, elle est capable de Frapper et de massacrer un ennemi enlisé et bloqué au préalable grâce à sa règle spéciale. Si Brorgir la booste en plus, ça peut faire très mal.

Brorgir, justement, tient un rôle tout particulier aussi. Ce mage polyvalent est l’unique étincelle d’explosivité et d’imprévisibilité dont disposent les Orientaux : frénésie, colère des lames, lames enchantées et secousse sismique lui permettent de toujours trouver quelque chose à faire dans une partie. Bien qu’il ne soit pas d’une fiabilité à toute épreuve, il est capable de faire basculer la tendance d’un tour de magie bien placé. Et s’il ne trouve pas de magie à faire ? Ma foi, il a deux points de Puissance pour deux élans, ainsi qu’une lance pour aller apporter un dé relançable dans un combat. Le tout pour un modeste 80 points

Attendez un instant. Pas de Marche ? Après une éternité passée à en vanter les mérites et l’importance ? Où est le capitaine oriental ?? Et bien j’ai choisi de m’en passer. Les parties étant allongées à 2h15 avant dernier tour, le tambour suffit à assurer la mobilité de l’armée dans la majorité des situations. Sacrifier le capitaine me permet de monter à 46 figurines, de payer davantage de dragons noirs ainsi que des unités plus élite. Miser sur les troupes, c’est une solution d’avenir. Ma liste est d’ailleurs la plus nombreuse des cinq Légions Légendaires de l’Empereur présentes au tournoi.

Les unités élite, parlons-en. Je dispose dans la liste de deux adeptes du culte du dragon, qui ont troqué une de leurs épées contre une hache, et de deux drakes de guerre de Rhûn. Les premiers apportent les dagues de jet, une attaque supplémentaire et la possibilité de tailler pour être F4. Fragiles et n’ayant pas la règle Phalange, ils sont vraisemblablement condamnés à être coincés s’ils perdent leur duel… alors tailler n’est pas bien grave avec eux. Et avec quatre ou cinq dés C5, difficile de perdre !

Les drakes, eux, ont un rôle différent. Comme ils n’ont pas de figurine officielle on les voit plus rarement sur les tables, aussi vais-je vous les présenter plus en détail. Les drakes ont un socle de cavalerie, deux attaques combat 4 force 4, deux points de vie défense 5, et coûtent 20 points. Leur grande valeur réside à mon sens dans leurs règles spéciales, Terreur et Venin. La troisième, Empoisonnement Lent, est assez gadget et ne m’a pratiquement jamais servi en partie. Ces petites bêtes sont efficaces pour protéger un flanc, avec leur socle et la terreur, et ainsi empêcher vos piquiers de se faire cliquer. Ne les envoyez pas contre trop d’ennemis, ils sont plus fragiles qu’ils n’en ont l’air et peuvent se faire one-shot facilement. On peut cependant les laisser sans inquiétude sur un objectif à défendre. Bémol à leur profil, ils n’ont pas le mot clé Oriental : ils ne bénéficient ni du +1 en combat à proximité de l’Empereur, ni du bonus du tambour. Ils vont donc fréquemment se retrouver à la traîne, d’où leur rôle de gardiens d’objectifs par exemple. 

Dernier aspect que je tenais à souligner dans la liste : le cœur de la phalange est composé de 6 dragons noirs à bouclier en première ligne. Ces unités sont généralement jouées avec la pique uniquement. J’ai fait le choix d’en placer en première ligne pour leur Bravoure 4, qui sécurise mieux les tests (Terreur ou spectre des marais, sentinelle…) que la Bravoure 3 de leurs congénères. J’ai tout de même largement assez de C4 à l’arrière car j’en prends toujours dans les autres troupes : autrement, elles sont démunies une fois séparées de l’Empereur. Vous me direz, j’ai la Frénésie, mais je n’ai pas envie de me reposer exclusivement dessus, c’est à mon sens trop facile de la perdre contre des Nazgûl (oui, le background de joueuse Mordor parle). 

Voilà pour les subtilités de la liste. Le gameplay va principalement consister à foncer dans le tas et éclater tout ce qu’il y a en face, surtout si ça n’a pas D6. Plutôt simple comme plan de jeu !

Partie 1 : Récupérer l’Artefact vs Bob-razowski

Le destin m’adresse un regard lourd de sens avec ce scénario : « T’avais qu’à jouer la Marche aussi ». En effet, avec Marche et tambour, je pourrais amener toute mon armée sur la relique tour 1, ce qui est plutôt fort. Ici, il va falloir se contenter de courir comme tout le monde.

Face à moi, une armée Lacville-Monts de Fer(qui remportera le premier prix de peinture, signalons-le), avec Bard et ses filles ainsi qu’un capitaine nain et Dain. Celui-ci, fait inhabituel, est le général de l’armée. Je note également qu’il déploie ses nains au centre et ses Lacville à gauche du terrain, avec Bard plutôt excentré. Conventionnellement, on met plutôt une première ligne de nain et des Lacville en soutien. 

J’ai l’initiative au premier tour. Il déclare une Marche avec son capitaine, moi mon tambour. Je place un cavalier sur l’emplacement de la relique, mais loin de moi l’idée de démonter pour déterrer : je vois arriver un gros nain sur cochon qui pourrait me one-shot et la récupérer le tour suivant. Non, j’ai d’autres projets.

Nos armées se font face et l’instant décisif du scénario arrive : la main neutre de l’élan du deuxième tour (Dain vs Rutabi ici). Je la remporte ! Mon cavalier commence par aller cliquer le capitaine et bloquer le chemin de Dain pour qu’ils me laissent tranquille, et j’amorce la partie intéressante de la manœuvre : je positionne le palanquin de sorte à ce que la relique soit sous l’arrière de son socle. Comme il ne s’agit pas d’une figurine de cavalerie, je creuse pour déterrer, mais vainement. L’Empereur sera un porteur de relique bien plus fiable que n’importe lequel de mes soldats, et son gigantesque socle empêche quiconque de venir lui disputer cette position stratégique.

Tandis que mes forces se replacent en avant pour venir faire barrage aux nains, Brorgir (allez savoir où il est sur la photo mais promis il était dans le coin) incante sa secousse sismique : faire choir Dain et le capitaine de leurs animaux de ferme me paraît être une idée plaisante… même s’il aurait été malin d’y penser avant de leur sacrifier mon cavalier. Malheureusement, il n’est pas bien échauffé : 2 au mieux en 3 dés ! Il ne me vient toutefois pas à l’esprit de me plaindre, la main neutre de l’élan me met déjà largement assez bien dans la partie. Mes troupes barrent également le chemin vers la gauche, d’où arrivent Bard et les Lacville. La phase de combat sera l’occasion de découvrir qu’il a C6 (en plus du combat héroïque gratuit) grâce à ses filles, un détail que j’avais… oublié

Contre mon pauvre cavalier envoyé à la mort, Dain et le capitaine déclarent le combo Frappe/Combat. L’Empereur réagit avec une Défense : je l’ai trop vu rater de contre-Frappe pour lui faire confiance face à Dain qui le blesse sur 4 et au capitaine qui le blesse sur 5 avec la lance de cavalerie… 

Les héros de mon adversaire ne sont pas en forme : son Bard se craque deux fois en deux combats, paye un point de Puissance et ne parvient pas à tuer sur son second combat. Dain et le capitaine n’auront pas mieux qu’un 5 en 7 dés, là où l’Empereur paye le 6 sans même utiliser ses relances. Le dernier point de Puissance de Dain part donc à la benne et mon adversaire n’en a plus sur ce flanc. Il fait l’erreur de choisir de frapper l’Empereur sous Défense plutôt que le palanquin, et ne lui ôte que deux Destins

Lors du troisième tour, l’Empereur ne déterre à nouveau pas mais la zone centrale reste sous mon contrôle. Le cheval de Bard, chargé par des Orientaux, décède. Ce n’est toutefois qu’au tour d’après que les choses deviennent intéressantes : je déterre enfin la relique (après avoir changé de dés, merci les dés Mordor).

Dans la foulée, mon Empereur tombe sur un Dain sans Puissance et malencontreusement coincé par des piquiers qui se sont glissés dans son dos au fil des affrontements de phalange. Brorgir est cette fois prêt à intervenir et réussit sa colère des lames. Je me paye même le luxe de ne pas Frapper, préférant garder ma Puissance pour gagner le combat. Il faut bien que cette lame elfique serve ! Et puis sur 4+ il pouvait me copier ma Frappe et m’escroquer…
L’opération est un succès et l’infortuné nain encaisse l’équivalent d’une frappe nucléaire orientale : 18 dés F6 qui le blessent donc sur du 5+.

J’ai désormais la relique en main sans personne pour rivaliser avec l’Empereur et la lui reprendre, je suis en bonne voie pour le démoraliser et j’ai tué son général. La majeure est sécurisée et je joue tranquillement la fin de partie. Bard n’a jamais autant tué que depuis qu’il est à pied, sans pourtant arriver à faire la différence : mon flanc gauche se désagrège mais ce n’est pas assez pour m’inquiéter. Pour le spectacle, Brorgir lance une secousse sismique à un dé sur une fille de Bard : il fait un 6 et récupère son point de volonté, le petit farceur, ainsi qu’un 6 pour blesser… et il fera exactement la même au tour suivant, dans les mêmes conditions. La gamine sauve les deux fois au Destin mais je ne sais pas trop quoi penser de mon mage plus prompt à maltraiter une enfant qu’un seigneur de guerre nain (encore un détenteur de la règle “Mais je l’ai laissé tuer mon général” ?).

Bilan de la partie : victoire majeure 10-0. J’ai pour moi la relique en étant dans le camp adverse (5 pts), la démoralisation (3 pts) et la mort du général (2 pts). Malheureusement pour mon adversaire, la main neutre du tour 2 scelle pratiquement l’issue de la partie, comme souvent sur ce scénario. Je pense aussi que les points de Puissance de Bard auraient été plus utiles au centre, car les nains se sont vite retrouvés à sec là où j’ai été plutôt économe : une fois en place, les Orientaux n’ont pas nécessairement besoin de beaucoup pour tenir la ligne. Petit coucou à l’Empereur qui a été central dans ma stratégie, pour une fois. 

Partie 2 : Domination vs Krand

Pour ceux qui ont lu le rapport de l’an dernier, vous vous rappelez peut-être que j’avais adoré la table Lacville pour son côté fun. C’est donc avec grand plaisir que je la retrouve, à nouveau pour la deuxième ronde du tournoi ! Bon, cette fois, on va jouer l’eau comme du terrain ouvert hein : moins de fluff et plus de jouabilité !

Mon adversaire ne m’est pas inconnu nous plus, nous nous étions croisés à Goven l’été dernier et il a fait une très bonne perf au tournoi de Paris en avril. Contrairement à la fois où je l’avais affronté, Krand (12ème au classement final) joue du Bien : 38 figurines, Boromir avec cheval et bannière, Theodred et Legolas, ainsi qu’Irolas. Les héros montés (dont un C6 et C7) sont un peu intimidants pour ma phalange, mais il n’est que 38, un désavantage de taille face à mes 46 Orientaux sur ce scénario.

Il remporte le jet de dé et place un premier objectif assez loin vers un bord de table. Je place le mien sur la ligne médiane : je veux me battre dans un espace relativement restreint pour maximiser mes effets d’aura. Il réitère en plaçant un autre objectif sur le même bord de table, toujours vers le fond, et je complète la ligne centrale. Nous tirons ensuite le côté et pas de chance pour lui, je remporte le jet et m’installe donc du côté de la table où il a placé les deux objectifs du fond. Ils seront assez faciles à défendre et je compte me battre pour les trois centraux. 

En bonne joueuse Orientale, j’opte pour un placement fin et subtil : l’Empereur en plein milieu de la table avec ses soldats. Krand met Boromir en opposition, je glisse Rutabi à ma droite face à un second objectif et il déploie Irolas en défense. Brorgir vient ensuite rejoindre la troupe de l’Empereur et compléter ma ligne sur la droite. Legolas et Theodred rejoignent ensuite le champ de bataille : le premier est aligné avec Boromir pour compléter la phalange avec les soutiens elfes, et l’autre est positionné sur ma droite. 

Mes drakes de guerre sont prêts à reculer sur les objectifs arrières tandis que mes cavaliers projettent un contournement prudent pour empiéter sur les latéraux. Je décide quand même d’envoyer un de mes lézards en contournement et de lui préférer deux soldats Orientaux en défense, car ces derniers ne rentrent pas dans le couloir avec Rutabi. 

Je remporte le premier jet d’initiative, aucun Elan n’est déclaré et je joue l’audace : Boromir et Legolas sont collés de sorte à ce que j’aie une ligne de secousse qui touche les deux. Je n’y mets que deux dés : l’objectif est de forcer Boromir à payer de la Puissance, pas de le mettre réellement au sol. Et… double 6 au lancement, un point de Volonté récupéré et une énorme pression mise. Boromir résiste à deux dés : le drame survient et il claque un double 1. Bien embêté, Krand se refuse finalement à payer cinq points de Puissance et perd les deux chevaux qui m’effrayaient le plus. Une sacrée épine hors du pied !

Côté phalange, j’engage sans trop m’embêter (Rutabi va sur Irolas, je privilégie le duel de héros et laisse ma phalange battre celle du Gondor) et laisse des gardes C5 sur le ponton de droite. Ma grande crainte est que Theodred passe dans mon dos avec ses cavaliers mais à la place, il plonge exactement à cet endroit où j’espérais le voir s’encastrer. Erreur critique de Krand qui avait oublié la C5 des deux Dragons Noirs du troisième rang : il déclare un audacieux combat héroïque. Reçu par une véritable levée de piques, le prince du Rohan y laisse un point de puissance et son point de destin pour sauver son cheval. 

Avec leur bannière à terre, les soldats de Krand perdent beaucoup de duels… et mes Orientaux n’accordent aucune clémence. Les pertes s’accumulent côté Bien et la situation est déjà délicate au vu de la différence d’effectif initiale. 

Krand a l’initiative au tour suivant et je la lui laisse, estimant être déjà bien positionnée. Brorgir se rate sur le test de la Sentinelle elfe et doit consommer un point de Puissance et un point de Volonté pour tenir. Les combats se réengagent ; Theodred, moins gourmand, va essayer de n’affronter que trois Orientaux, laissant les autres à un garde royal. Je suis ravie que ses cavaliers s’embourbent tous les trois ici plutôt que d’aller déranger mon drake qui se dore au soleil sur son objectif. Legolas tente de tuer au tir le piquier C5 contre Theodred, mais l’aventure s’arrête dès le début : 1 au jet pour toucher… 

La main neutre est perdue pour Theodred et cette fois, le cheval aussi. Les deux cavaliers du Rohan meurent également. En deux tours, j’ai peut-être fait une dizaine de morts (sur une première ligne D6 on rappelle). Un garde de la citadelle se jette dans les pattes de l’Empereur et y survit, sans que ce soit vraiment important. Je n’ai pas besoin que mon général tue pour creuser l’écart.

Le tour 3 voit s’affronter Rutabi et Irolas sur un Elan, que le Bien remporte. Mais dans l’ensemble, on se contente à nouveau de balancer nos armées l’une contre l’autre. Legolas fait un au tir, encore.
La poisse continue côté Bien. Boromir vient se battre, déclare un Combat Héroïque où il fait 4 au mieux et moi 6… et il y lâche donc deux autres points de Puissance. Theodred met son dernier pour arracher une main neutre contre mes soldats, il en tuera un seul sur les deux. 

Sur le flanc gauche, mon drake se fait one-shot de façon imprévue par deux soldats du Gondor alors qu’il tentait de mettre une patte sur l’objectif. Ça m’inquiète car j’ai peur que Krand ne passe par là pour menacer l’objectif derrière mes lignes, mais il n’en fait rien. Nous jouons depuis 1h15 et il approche déjà de la démo. Legolas se rend vaguement utile et snipe le soutien de Rutabi, mais elle ne risque vraiment rien contre Irolas et des soldats du Gondor…

Tour cinq, j’ai enfin une initiative et deux élans sont déclarés de chaque côté pour mieux assaillir les objectifs centraux : Legolas contre Rutabi, Boromir contre Brorgir. J’ai la main neutre et je choisis de faire rentrer du monde sur l’objectif de gauche. Boromir, lui, meule dans la partie droite… hors de l’objectif. Je remporte une seconde main neutre d’élan (Boromir vs Empereur) le tour suivant et je déferle de partout : je menace l’objectif de droite sur lequel j’ai assez peu joué et je le lui annule, je prends le contrôle de la gauche et je suis seule au centre. La débandade est totale dans le camp ennemi. 

Bilan de la partie : 8-0, victoire majeure pour moi. Je contrôle totalement trois objectifs (2 pts chacun), je l’ai démoralisé (1 pt) et je contrôle l’objectif de gauche sans en avoir viré tout le monde (1 pt). Le match a clairement basculé lors de cette secousse sismique décisive, Brorgir est le most valuable player de la partie. Je pense quand même que Krand aurait pu jouer plus offensif avec ses cavaliers, et il n’était sans doute pas nécessaire de coller Bobo et Legolas au déploiement. Je ne suis pas fan non plus du risque de mettre tous les objectifs d’un même côté de la table. Mais j’ai eu beaucoup de réussite globalement aussi et Krand a probablement eu du mal à trouver les armes face à la situation difficile dans laquelle il s’est trouvé.

Partie 3 : Affrontement au Clair de Lune vs Asdru

Qui n’a jamais rêvé de disputer un match de poule 6 contre Angmar ? Une question sur laquelle vous aurez le loisir de méditer en lisant ces lignes. Néanmoins, la situation pourrait être plus critique : sur Affrontement au clair de lune, la Démoralisation rapporte davantage que la mort des héros, autant dire que j’ai un plan plutôt simple qui va nécessiter de tuer beaucoup d’orques.

Mes deux victoires majeures m’ont installée vers le haut du circuit et je croise donc  Asdru, qui finira d’ailleurs troisième du tournoi. C’est loin d’être la première fois qu’on s’affronte et c’est toujours un plaisir de finir la journée contre un joueur avec lequel je m’entends bien. Mais bien entendu, avec un Gulavhar qui se lèche les babines en regardant mes héros, il est un peu difficile de se détendre !

Contre la grosse chauve-souris, peu de méthodes me sont accessibles ; spoiler, ça va impliquer une formation tortue avec beaucoup de soldats pour me couvrir.

Au fil de mon avancée, l’Empereur finira également dans le bunker de protection. Je m’adosse de mon mieux aux décors mais je ne progresse pas très vite : je ralentis pour bien couvrir mes héros, je ne donne qu’un coup de tambour par peur du déplacement augmenté qui peut servir une Contrainte ou un spectre ennemi. Heureusement, mon adversaire a l’initiative sur les premiers tours, ce qui est évidemment une plaie pour lui en tant que joueur Angmar et plus généralement en phase d’approche. Un Engourdissement passera à 5 sur l’Empereur : celui-ci n’étant pas en danger car bien couvert, je ne résiste qu’avec ma résistance naturelle… qui s’offrira le luxe de me faire un 6. Dans le cas contraire, je serais restée sur place le temps de relever l’Empereur. 

Troisième tour de jeu, Asdru commence à reculer. Ce n’est pas vraiment surprenant : il n’a aucun intérêt à chercher la confrontation de phalange, qui ne lui sera absolument pas favorable. Gûlavhar s’accorde quand même le luxe de venir faire un projeté dans ma ligne sur un Combat Héroïque, par pure gratuité.

Le harcèlement magique continue : le Roi-Sorcier fait une Volonté Sapée sur Brorgir à un modeste dé… et j’y perds trois points de Volonté ! Douloureux.

N’ayant pas l’initiative le tour suivant, je ne bats pas du tambour : je veux la possibilité de charger si un volant se pose dans mes troupes. Malheureusement, ça veut aussi dire que je ne rattrape pas les orques en train de fuir au fond de la table. Le Roi-Sorcier refait une Volonté Sapée sur Brorgir avec un autre dé : 5 ! Cette fois, j’ai deux chances sur trois de finir à sec de Volonté alors je choisis de résister avec toute ma volonté : sur un six, c’est rentable. Mais pas de 6, aussi ma Volonté saute-t-elle. 

Les deux prochains tours voient encore Asdru avoir l’initiative, ce qui continue à l’embêter. Notre petit manège continue : moi essayant d’arriver au contact sans lâcher la protection de mes héros, lui essayant de me prendre en défaut sans exposer ses Orques. Je dois dire que la pression est réelle et le niveau de concentration requis aussi, mais le plus important dans ce genre de situation est de rester calme. Aucune erreur n’est commise pour le moment, Asdru se montre extrêmement prudent et me fait courir en m’artillant à la magie. Cela fait une heure et je me doute que je n’ai plus le temps de le démoraliser. Notez que le cœur de mon dispositif anti-volant est constitué de Dragons Noirs, qui ont B4 de base (B3 sous Emissaire du Mal). Ainsi, j’ai davantage de chances de réussir les tests des spectres. 

La phase d’approche se finit et j’attrape enfin quelques malheureux orques par le col, acculés contre le bord de la table. Durant le trajet, ma formation s’est largement disloquée et ne ressemble plus à rien. N’ayant enfin pas l’initiative, Asdru réfléchit à comment ouvrir mon dispositif mais les tests de Bravoure tiennent toujours. Pour la peine, le Roi-Sorcier relance une Volonté Sapée sur mon Empereur, qui y laisse ses trois points de Volonté après avoir loupé la résistance à la magie. Il se prend ensuite un Engourdissement sur 6, fait 5 à sa résistance et laisse un point de Puissance pour rester en état de se battre. 

C’est toutefois le tour d’après que les véritables intentions d’Asdru se dévoilent : Brorgir encaisse un trait des ténèbres qui lui ôte un Destin et un point de Puissance. À côté de lui, Rutabi est victime des infernaux Galgals et finit Engourdie, mais se relèvera juste à la fin du tour. Tout le monde a besoin d’une petite sieste de temps en temps. La pression s’accentue et Gûlavhar continue ses projetés : un drake de guerre volant vient frapper Brorgir (second destin de lâché sur la touche F3) et l’Empereur…qui y laisse AUSSI un destin (typical ?). Je tue quelques orques mais rien de bien significatif vu la façon dont ils se sont éparpillés. 

La fin de partie sera fatale à Brorgir qui prendra un second projeté mortel. Bien entendu, le projeté fera aussi perdre deux Destins à l’Empereur, le rendant vulnérable à un Trait des Ténèbres du Roi-Sorcier qui ne manque pas d’arriver.

Bilan de la partie : défaite mineure 4-1. Asdru a tué plus de héros que moi (3 pts), a blessé mon général (1 pt) et j’ai un héros encore en vie (1 pt). Bien que tous les gens venus regarder notre partie l’aient qualifiée de chiante et infâme, elle ne m’a personnellement parue plutôt chouette. C’était un très bon exercice de concentration de maintenir ma ligne de défense tout du long autour de mes héros et Gûlavhar n’a finalement jamais été les croquer directement, je considère donc que c’est un succès à ce niveau. Réussite assez insolente du Roi-Sorcier d’Asdru, qui a laissé sa poisse à la maison, mais je pense qu’il aurait fini par prendre la mineure rien qu’avec le pv du général dans tous les cas. Bravo à lui pour son sang-froid tout au long de la game, c’était le scénario qui l’arrangeait le moins de toute la poule et il aurait pu perdre s’il s’était bêtement jeté dans ma phalange. De mon côté, j’aurais dû ne pas me laisser intimider par les spectres et déclarer le tambour pour foncer plus vite.

La première journée de tournoi s’achève bien pour moi, je fais deux victoires majeures et je donne un peu de fil à retordre à un joueur qui ne fera autrement que des majeures jusqu’à la finale. 
S’ensuit une super soirée communautaire, l’occasion d’échanger un peu avec tout le monde, de discuter de nos parties et de regarder les acharnés du ping-pong. Il est 1h du matin quand je commence à somnoler dans mon lit, et Shaka et Vulturnus débarquent dans ma chambre. « Les appariements sont sortis », me fait Shaka. « Laisse-moi deviner, c’est Ar-Mandô ? » je marmonne, à moitié endormie.  Une fois l’information confirmée, je commente « Ok. File moi un Maëlstrom demain et on s’arrange. »

Partie 4 : Tenez Vos Positions vs Ar-Mandô

Je suis de toute évidence exaucée. Pourquoi le Maëlstrom me direz-vous ? Eh bien Ar-Mandô joue une liste d’Angmar avec seulement six points de Puissance : Ombre, Roi-Sorcier et Gûlavhar. Nous nous affrontons donc sur sa pire poule de scénarios, là où les Orientaux sont plutôt à l’aise. Il n’a pas de Marche, son Ombre ne contrôle pas son arrivée ; j’ai un tambour et une phalange très solide qui saura tenir le point une fois installée dessus. 

Malgré ce petit coup de pouce du destin, il ne faut surtout pas prendre ce match à la légère : mon adversaire revient du WTC et a entraîné une partie non négligeable de la communauté Vassal, moi comprise. Nous nous sommes déjà croisés deux fois en tournoi officiel (Ligue Vassal VI, le rapport de bataille sortira un jour promis, et tournoi de qualification à Paris) et il avait gagné les deux fois. Mais au vu de mon premier jour très correct et du scénario qui penche en ma faveur, j’entends bien tirer mon épingle du jeu.

Premier jet de dé : Ar-Mandô aura le grand plaisir de sortir le premier… enfin c’est vite dit : la Shade et le Roi-Sorcier ne rentrent pas du tout et Gûlavhar paiera un point de Puissance pour montrer le bout de son nez côté Nord. 

Brorgir fait 5, l’Empereur Dragon, très accommodant, me signe un joli 6. Je sors le duo sur le bord Est, comme le veut le fluff (et parce que l’Ouest est bien plus encombré). Rutabi ne fait que 3 mais paiera un point de Puissance pour sortir côté Sud, près du coin pour bénéficier du tambour. Une arrivée ma foi pas mal ! Je pense quand même à fermer le passage derrière moi et à couvrir mes héros. Il est peu probable qu’Ar-Mandô vienne chercher la confrontation ainsi, mais ne prenons pas le risque. Il serait fort désagréable que mon avancée vers le centre soit ralentie. 

Tour suivant, il a l’initiative. Il paie un point de Puissance sur son Roi-Sorcier pour rentrer avec Gûlavhar, et la Shade tire un 6 salvateur qui fait que mon adversaire a encore une chance. Je bats du tambour et rallie pratiquement le centre en maintenant la formation. Avec la partie d’hier contre Asdru, je suis bien rodée !

J’ai l’initiative au tour 3 et j’entre donc sous tambour dans la zone. Mes soldats s’y déploient, l’Empereur s’adosse au pont en ruine pour se protéger, Brorgir et Rutabi traînent aussi à l’abri à l’intérieur des lignes. Un spectre échoue à écarter un adepte d’un test de Bravoure, adepte qui aurait ouvert le chemin à Gully vers mon général… ceci dit, ce dernier est encore full et parfaitement capable de se défendre. Ici, le bunker est moins ma priorité que la préservation de mes figurines : si la chauve-souris préfère embêter l’Empereur plutôt que de manger mes soldats, ça me va. 

Comme une impression de déjà vu : le Roi-Sorcier lance une Volonté Sapée sur mon Empereur. Mais cette fois, je fais 5 à ma résistance naturelle et je choisis d’abandonner un point de Puissance pour protéger mes points de Volonté. Pendant ce temps, les spectres font sortir deux soldats des rangs et je ne m’étendrai pas sur le sort tragique qui les attendra aux mains des Orques. Gûlavhar en lance un dans ma phalange, mais ne provoquera que deux morts en tout. Merci la défense 6 ! (« Si seulement c’était du 5 » comme disait Asdru)

Il reste 1h30 avant le dernier tour et je suis parfaitement en place. Plus qu’à encaisser les assauts d’Angmar pendant tout ce temps mais je suis plutôt sereine. Une Volonté Sapée écorne à peine la réserve de l’Empereur (un point perdu) et un nouveau guerrier Oriental se fait arracher à la première ligne. Hagard, il titube jusqu’à quelques Orques et se prend Gûlavhar en pleine figure… Mais stupeur ! Le bougre repousse ses assaillants d’un coup de bouclier, et charge même Gûlavhar le tour suivant car j’ai l’initiative ! Une performance époustouflante qui sera chantée encore longtemps. Promu capitaine à titre posthume au moins.

Sans doute inspirée par l’exploit, ma première ligne charge les Orques pour les maintenir hors de la zone. Brorgir décide de faire le malin et tire une secousse sismique en deux dés pour aller atomiser trois orques et un spectre trop bien alignés : double 6 au lancement et trois morts (pas le spectre hélas). Le sorcier Oriental est décidément plus en forme que sur Vassal ! L’Empereur résistera également à une énième Volonté Sapée sur un bon 6 naturel du heaume en écaille de dragon. Je garde mes drakes de guerre sur la droite du point, pour utiliser la Terreur en défense. Globalement, le côté droit est celui qui subit le plus, tandis que le côté gauche de ma phalange a l’avantage. L’Ombre équilibre le duel de phalange, les Orques se seraient fait balayer sans son appui. 

Il nous reste encore une heure et nous voilà au tour 6. Je n’ai pas l’initiative et je déclare un Elan avec Brorgir, toujours pour contenir les adversaires. Cette fois j’arrête de faire la maligne avec les secousses et je lance une Frénésie à deux dés (il reste donc 2 points de Volonté à mon sorcier) afin de charger sans problème. C’est peut-être même la première frénésie que je lance avec Brorgir, que d’émotions ! 

Ar-Mandô doit réagir, il le sait, car sa phalange piétine et il ne prend pas pied sur le centre. Il tente une paralysie (6) sur l’Empereur, lequel résiste avec ses deux points de Volonté et le gratuit : pas plus de 4. Comme abandonner mes points de Puissance reviendrait exactement au même, à savoir ne pas pouvoir faire de Frappe, je préfère les garder. Gûlavhar plonge donc sur le pauvre adepte du culte qui montait la garde près de l’Empereur et déclare un Combat Héroïque sans retour. Il y laisse son dernier point de Puissance pour gagner (c’est moche) et arrive face à mon Empereur sans Puissance. Heureusement, il fait son 6 et remporte le combat, choisit de Déchiqueter : 3 blessures en 5 dés ! L’Empereur en sauve une au Destin (6, 1 et 2 pour mes jets) et réchappe donc de cette tentative d’assassinat.

J’ai une dévastatrice initiative le tour d’après et Rutabi se rue à la gorge de Gûlavhar, boostée d’une colère des lames qui… fait 6 au lancement. Un second point de Volonté d’économisé sur la partie par Brorgir, qui se maintient à 2 : primordial pour continuer à lancer des sorts en maintenant la Frénésie. J’ai mal joué mon coup et je ne l’ai pas bien bloqué, pensant qu’il n’avait pas la place de reculer sur le pont, mais Ar-Mandô défie les lois de la physique et fait à peu près tenir la figurine. Bref, Gûlavhar ne prend que 2pv et est certes embourbé, mais toujours agressif. 

Au pied du mur, Ar-Mandô double la mise et écarte un soldat d’une Contrainte pour se jeter sur mon Empereur avec… le Roi-Sorcier en personne, lequel claque une Frappe. L’Empereur Défend en réaction. Malheureusement, le Roi-Sorcier fait son 6 pour le blesser. Le Palanquin s’effondre, ce qui va sévèrement calmer ma phalange, cependant j’ai désormais six gars de plus sur l’objectif central. 

La vindicte de Rutabi se dirige désormais sur le Roi-Sorcier. Catapultée par un Elan de Brorgir et à nouveau sous Colère des Lames, elle fonce sur le Roi-Sorcier. Je m’assure là aussi de bien la couvrir avec des soldats pour que Gûlavhar reste en dehors de tout ça même avec un Refouler, et bien sûr je bloque le Nazgûl. Six dés relançables sur du 5+ (et ceux de quelques péons) plus tard, le général d’Angmar tombe. Vous connaissez la chanson, Rutabi n’est pas un homme… 

Neuf tours furent donnés à la game et Rutabi déclare le dernier Elan pour renforcer le centre, malheureusement les Orques se faufilent par une hémorragie à droite. Je fais l’erreur de mettre trop de monde sur Gûlavhar (qui a pu se régénérer au tour précédent), mais fort heureusement il craque ses dés et ne tuera qu’un seul Oriental. C’est l’heure de compter !

Bilan de la partie : victoire mineure 7-2 pour moi. Je suis le double au centre (5 pts, 30 figurines à 15 !), et nous avons tué nos deux généraux (2 pt chacun). Ar-Mandô sauve donc la mineure, ce qui lui permet de ne pas totalement se faire enterrer dans le tournoi (il aura beau me sortir son grand discours “maintenant que tu m’as battu, tu te qualifies hein ?”, il finit quand même 9ème…). Même si le scénario était pour moi, il fallait transformer l’essai ! Une fois encore, je dirais que c’est Brorgir qui est déterminant sur la partie, avec un taux de réussite indécent sur ses sorts.

Ayant donc fait honneur à la Règle des Deux si chère aux Sith et aux enseignements de mon mentor, je peux m’acheminer vers l’avant-dernière ronde…
Mauvais perdant, Ar-Mandô se fait la malle avec mon mètre.

Partie 5 : Reconnaissance vs Manadar

Parce qu’Asdru et Ar-Mandô ça ne suffisait pas, me voici désormais face à Manadar, capitaine de l’équipe France 1 au WTC dernier et habitué du circuit (classé 10ème sur ce tournoi). Il joue la liste que son frère Decalogus avait alignée au tournoi de qualification de Paris en avril, et avec laquelle il avait fait premier. On y trouve un Radagast sur Aigle, un Saroumane à cheval, un Legolas monté également et du Lacville (Bragga, Alfrid et Maître), pour une quarantaine de figurines. J’ai déjà affronté Manadar, mais c’était sur un tournoi fun sur Vassal et je n’ai aucun doute que cette fois, il n’est plus en mode “boss de tutoriel”. 

Je remporte le jet de déploiement et je rentre la pre…ah, non, je fais 1 et 2 sur mes deux premières troupes, 3 sur la dernière. Deuxième essai après un tour de retard (Bagga et Alfrid se feront attendre en face), Brorgir y lâche un point de Puissance mais rentre avec le reste de mon armée. Malheureusement, ça a déjà donné de l’avance à Manadar sur la carte, un point qui ne me plaît que très peu. L’Empereur et Brorgir sont à droite, tandis que Rutabi prend le flanc gauche. Saroumane, Legolas et Radagast arrivent à toute allure et leur mobilité m’inquiète. Manadar commence déjà à s’en prendre à mon malheureux tambour, qui esquive de justesse un tir de Legolas mais encaisse au tour suivant une Contrainte de Saroumane qui le renvoie derrière, hors de portée de ses copains, au prix d’un point de Puissance et de Volonté.

Comment ne pas se placer.

Contrairement aux précédentes parties, je ne suis pas très sûre de moi et je n’ai pas de plan de jeu clair. Ne sachant pas par quel bout prendre le problème, je m’étire sans doute trop et fais même l’exploit de mal placer trois héros en deux tours : l’Empereur fait un 6 miraculeux pour résister à une Contrainte (qui lui évite de se prendre Legolas et Radagast sur Aigle en charge, oui oui), alors le mage brun va à la place agresser un drake de guerre, déclarer un Combat Héroïque et assassiner le naïf Brorgir planté juste derrière. Le tour suivant, il me laisse l’initiative et j’encercle Radagast (qui n’a plus qu’un point de Puissance, les autres ayant été consommés pour fumer Brorgir). Refroidie par ce premier revers, je recule maladroitement sur le flanc droit en renonçant un peu à mes ambitions de traversée. Mon tambour est resté afk derrière les lignes, sans axe de passage, tandis que son collègue cavalier part un peu seul devant, à la merci des flèches de Legolas. Mais pas de panique, ce dernier aura mieux à faire… pour ce tour.

J’avais en effet mentionné trois héros mal placés. Rutabi y passe à son tour avec la typical Contrainte qui fait sortir du petit couloir de phalange, et elle encaisse Legolas, Bragga et quatre ou cinq Lacville en pleine gueule. Manadar déclare un Combat avec Bragga et la Frappe avec Legolas. Toute l’opération lui coûtera bien plus cher, car Bragga paye encore pour gagner le combat… et Rutabi s’en sort. Grâce à l’agilité surnaturelle, elle n’est même pas au sol. Sans Puissance ni Destin, mais debout et à deux points de vie, en parfaite position pour être chiante. Comble de la chance, Radagast se fait one-shot par mes cinq Orientaux car Manadar n’a pas payé la Défense. Reste encore à gérer l’aigle.

Comment ne pas se placer, partie deux.

C’est le moment où je commence à émerger. J’ai bien conscience d’avoir négocié ce début de partie de façon calamiteuse et je ne dois d’être encore en jeu qu’à ces deux coups de pouce du destin. Je dois arriver à capitaliser dessus vu toutes les ressources que ça a coûté à Manadar.

Première étape, clouer l’oiseau au sol. N’ayant pas l’initiative, je déclare un élan avec l’Empereur pour faire charger mes soldats sur lui. Manadar pense toutefois à lancer un impact magique dans le combat de son aigle, ce qui… le blesse, mais enlève un des soldats engagés contre lui (et par voie de conséquence, ses piquiers). Sur le front gauche, Legolas doit encore payer un point de Puissance, contre mes soldats cette fois. Mais ma phalange commence son travail et les Orientaux ont un talent inégalé pour massacrer du Lacville. Dans les moins bonnes nouvelles, à droite l’aigle fait son 6 en deux dés et se relève. 

Rutabi copie l’élan du tour suivant, déclaré par un Bragga fraîchement rechargé par Alfrid. On est à 40 minutes avant le dernier tour, je suis sous pression car je me doute qu’il va bien finir par sortir, que je le veuille ou non. Saroumane a encore un point de Puissance et la possibilité de faire un combat héroïque des familles. C’est d’ailleurs ce qui se passe juste après : il fait une injonction pour ramener un de mes gars à portée, et s’en sert comme tremplin. Les autres s’acharnent encore sur l’aigle, qui refait un 6 et cette fois, Refoule pour s’éloigner. Je fais un carnage dans ses troupes mais une paire de main neutres d’Elans plus tard, son Legolas sort de la table en passant derrière le groupe de l’Empereur. Malgré d’héroïques tests de Bravoure sur l’Aigle pendant un ou deux tours, mes soldats ne parviennent pas à le retenir ; un dernier test raté lui permet de se faire la malle. 

Bilan de la partie : défaite mineure 7-3. Les meubles sont sauvés : Manadar sort trois figurines (7 pts) mais je le démoralise (3 pts). Je dois davantage ce rattrapage à de la chance qu’à mon niveau de jeu sur la partie mais j’ai au moins donné un peu de fil à retordre à mon adversaire sur la seconde moitié. On va s’en contenter mais je reste mécontente de la façon dont j’ai joué ça. J’imagine qu’il faut bien une plus mauvaise partie sur le tournoi. Mention honorable à Rutabi qui tire pour la première fois son épingle du jeu et garde le front gauche sous contrôle. 
Je sors de tout ça avec un début de mal de crâne que la pause aidera à chasser, et deux défaites au compteur. Je dois absolument gagner la prochaine partie pour rester suffisamment haut dans le classement. 

Partie 6 : Combat des Champions vs Ghosten

Outre la table Lacville, il y a aussi le scénario Combat des Champions que j’avais déjà joué l’an dernier. Mais bon, quelles sont les chances que je me prenne un Balrog dessus cette année aussi ?

Et merde.

Le matchup ne fait jamais plaisir et je tire la gueule en arrivant. En plus, je perds le jet de déploiement et Ghosten (un bon joueur Moria qui tourne vers Nantes et que j’affronte pour la première fois) me place donc du côté le plus encombré en décors, un plaisir pour manœuvrer mon poids lourd favori (c’est faux). Avec les encouragements de Shaka qui m’assure que « ce n’est pas perdu », je réfléchis à un plan de jeu. L’an dernier, j’avais essayé de faire en sorte que le Balrog ne puisse charger qu’un minimum de figurines et c’est comme ça que je vais procéder cette fois aussi. Je réfléchis également à l’utilité de Rutabi, ma carte maîtresse dans ce match : la copie du Combat Héroïque peut notamment m’assurer un tour de répit. En effet, si deux héros dans un même combat font un Combat Héroïque, celui qui remporte la main neutre résout « son » combat le premier. Ainsi, si son adversaire le tue, il ne peut pas se redéplacer ! Une petite technique retorse qui pourrait m’éviter un déplacement de Balrog.

Fort heureusement, j’ai la main neutre du premier élan. J’arrive donc à déclencher la Frénésie de Brorgir (qui a fait l’Elan) puis à envoyer l’Empereur sur des traqueurs gobelins. Je sacrifie ensuite un random péon au Balrog et j’en mets d’autres en barrage, de sorte à ce que le monstre ne puisse avoir qu’une seule autre victime ce tour-ci… et à ce qu’il ne puisse pas charger l’Empereur ! Rutabi se cale en plein milieu, à portée de Maître Stratège des capitaines gobelins (au moins un, le second se rajoutera ensuite) et prête à se jeter sur le Balrog quand je le réclamerai.

Le chamane bouclier noir de Ghosten lance une arme brisée à un dé sur l’Empereur et je change immédiatement de couleur : il vient de faire 6 et il y en a encore deux à encaisser derrière… en grinçant des dents, je sors deux points de volonté et ma résistance à la magie. Fort heureusement, un de mes deux dés me donne un 6 et je ne perds qu’un seul point de Volonté cette fois, une super nouvelle ! 

Ce qui est moins super, c’est que dans cette configuration, impossible de ne pas se prendre la Flamme. L’Empereur foire déjà ses trois destins et concède le pv du général à l’ennemi. Il n’est bien sûr pas question de se rouler par terre en abandonnant le palanquin, aussi vais-je stoïquement continuer à encaisser le feu en priant pour que ça ne le finisse pas. 

Un peu pressée, je déclare un combat héroïque avec l’Empereur. Il n’est pas terrible car je ne peux prendre qu’un gobelin supplémentaire, et je ne suis qu’à deux kills à la fin du tour puisque le Palanquin s’est chargé d’achever un des deux Traqueurs. Visiblement, mon Empereur a décidé de ne pas être coopératif. Le Balrog fait également ses deux victimes. Par contre, une dizaine de gobelins se font atomiser en phalange !

Les élans s’enchaînent mais alors que le Balrog allait tuer sa quatrième victime, voilà qu’il se rate et rebondit contre mon humble Oriental. La solution s’impose à moi : le démon au fouet a un instant de faiblesse et ne prend pas autant d’avance que prévu au compteur de kills. Je dois en être à trois ou quatre avec l’Empereur de mon côté. Puisque pas moyen de démoraliser les gobelins, les grands moyens vont devoir être employés : c’est parti pour les mettre à 25% ! Avec un peu de chance, je serai encore devant au compteur quand la partie s’arrêtera. 

Le Balrog se roule par terre dès le tour suivant et ne tue absolument rien, tandis que l’Empereur monte à cinq ! Rutabi économise bien la Puissance de ma liste en copiant un ou deux élans des capitaines gobelins. Le dispositif anti-Balrog tient à peu près car il est gêné par ses propres gobelins : le voilà coincé entre un pilier, ses soldats et les miens. On est au tour 4 ou 5 et je mène au score, ma phalange continuant à faire des ravages dans les gobelins. Certes, elle est taillée pour, mais je tue presque systématiquement en gagnant les combats. Les autres armes brisées ne suffisent pas à arrêter l’Empereur (l’une sera même ratée par le chamane, me permettant de résister à la dernière avec toutes mes ressources). Cependant le feu entame méchamment mon palanquin et je suis limitée à 3 pouces de mouvement désormais car il n’a plus que deux porteurs. 

Ghosten écarte un peu le chamane du chemin du Balrog, pas assez pour le décoincer. Mais à la phase de combat suivante, il se réveille et éclate deux de mes soldats, ramenant le compteur de morts à égalité. Goutte de sueur chez moi, et je panique : quand l’Empereur fait 4 contre un vieux 6 d’un gobelin, je paye les deux points de Puissance… pour ne même pas le tuer ! Je commence à retenir mes coups en shieldant sur le flanc droit, là où je veux garder des gobelins en vie pour l’Empereur. Il va falloir manœuvrer serré pour que ça passe.

Au vu des pertes essuyées par les gobelins, le tour qui s’annonce sera le dernier. Ultime élan : il n’y a plus de Puissance en face et Rutabi fonce sur le Balrog, comme prévu. Côté Empereur, je ne laisse rien au hasard ! Il charge deux gobelins rescapés, qui se retrouvent encerclés par mes troupes (simplement bloqués et pas chargés, pour ne pas les sortir du combat). Mon général est ensuite mis sous Colère des Lames, histoire qu’il n’ait vraiment aucune excuse pour se rater. 
Qu’elle ait réussi ou pas à copier le combat héroïque du Balrog n’a pas vraiment d’importance : Rutabi le repousse d’un 6, assistée de ses piquiers. Les 25% des gobelins tombent et je suis devant au compteur, 6 à 5 morts. Notez que oui, l’Empereur n’a réussi qu’à tuer un seul gobelin sur les deux malgré les précautions prises (les morts du Palanquin ne comptent pas on rappelle). 

Bilan de la partie : victoire mineure 3-1. Mon général a été blessé par le Balrog (1 pt) mais j’ai tué davantage d’ennemis que lui (3 pts). Je suis ravie et un peu incrédule d’avoir remporté cette âpre bataille, et aussi un peu navrée pour Ghosten quand même, qui a beaucoup subi les humeurs du Balrog. Il a tout de même su rester fairplay et agréable, ce qui mérite d’être souligné. Niveau proba il faut dire que 4 dés sans puissance, ça craque… et mes Orientaux, en se protégeant derrière leur bouclier, en ont déjà 3. Ça risquait d’arriver une ou deux fois, mais un kill en deux tours c’est un gros handicap pour une partie. Je me félicite quand même de mon plan de jeu et de l’utilisation de Rutabi, qui a de nouveau été déterminante pour contrôler le milieu de la table.

Bilan du tournoi

Je termine 16ème sur 103 joueurs, ce qui est à ce jour ma meilleure perf sur un gros tournoi ! Propulsée très vite sur le haut du classement avec mes deux victoires majeures, je croise donc le fer avec une série d’excellents joueurs dont les noms sont connus sur le circuit compétitif, pour des parties de grande qualité. Je garde bien sûr celle contre Manadar en travers de la gorge, rattrapée à l’arrache et très mal jouée sur le début, mais le bilan global est excellent et je reçois moult félicitations pour ce parcours. 

Bonne nouvelle parmi les bonnes nouvelles, ce résultat inespéré me catapulte à la 25ème place du classement solo pour les qualifications WTC, et à l’heure où j’écris ces lignes, on m’a déjà signalé un désistement dans le top 24. Cela signifie donc que j’accède à la phase par équipes ! Une belle revanche sur le catastrophique tournoi de Nantes. 

Mais alors… et l’Empereur Dragon dans tout ça ? Eh bien de toute évidence, le jouer en Légion Légendaire fonctionne. Je n’abandonne pas totalement l’alliance Mordor, mais la LL est extrêmement forte. Ma liste, plus particulièrement, m’a paru tout à fait adaptée. La Marche ne m’a pas trop manqué (même si j’ai la chance de tomber sur une armée qui ne l’a pas pour Tenez vos Positions), en revanche je n’ai jamais été démoralisée, une seule mort de l’Empereur à déplorer et mes trois héros ont eu des moments de gloire. Brorgir est tout de même à un affolant taux de 5 sorts réussis avec un 6 sur… une douzaine d’essais ? Impossible de le nier, j’ai eu de la réussite au bon moment sur ce tournoi. J’estime toutefois qu’il en faut pour toutes les bonnes perf’. En tout cas, aucune situation où je me suis sentie complètement démunie face aux armées adverses, ce qui est un bon indicateur de la force de ma propre composition. 

Et les drakes de guerre alors ? Et bien… à part leur rôle de mascottes porte-bonheur, ils n’ont pas été très impactants. Peut-être que davantage d’adeptes du culte auraient été plus utiles. Ceci étant, je les trouve assez confortables à avoir sous le coude, avec leurs règles spéciales. Ils font d’excellents gardiens d’objectif et je suis plus sereine d’en laisser un en arrière qu’un autre soldat classique. Je pense qu’ils ont quand même leur place pour fournir des options tactiques à la liste. Et puis, ils servent de caution morale « je joue fun » !

Crédits à Creepistar pour la réalisation des proxys
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3 commentaires sur “Qualif WTC 2024 – Sons of Middle Earth 2 05/2023”

  1. Avatar

    Ah yes, je l’attendais pas ce rapport de tournois! Toujours aussi bien écrit et épique 🙂 . Content que tu arrives
    à accéder a la phase par équipe.
    Hâte de lire le prochain 😉

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